LE PROJET REGIONAL D’APPUI A LA SECURITE ALIMENTAIRE (PRORASA) A GAO

1. Présentation générale du Projet

Le Projet Régional d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PRORASA) dans la région de Gao est une action qui s’inscrit globalement dans la stratégie nationale de la sécurité alimentaire initiée par le gouvernement du Mali après les crises alimentaires successives qui ont sévies dans les régions Nord du Mali.
Ce projet qui vise à  appuyer les efforts des collectivités territoriales car faisant partie des plans de développement socio économique et culturel des communes comporte trois volets principaux :

  • Amélioration des revenus et la qualité nutritionnelle des ménages par le maraîchage,
  • Amélioration de l’accès aux céréales par l’initiation d’une stratégie régionale de banques céréalières,
  • Appui à la sécurité alimentaire par la promotion de la pisciculture à l’échelle locale.

En effet, Les actions à mener dans le cadre de ce projet ont eu pour but, non seulement de permettre une transition entre une situation d’urgence et un développement soutenu, mais également de constituer une protection contre les situations de crise.
Les 2 derniers volets auront un accompagnement très poussé en terme de préservation de l’environnement.

2. Problèmes spécifiques devant être traités par l’action

Les problèmes à résoudre sont: – le difficile accès des populations aux productions agricoles à cause du déficit en eau (pluie et crue du fleuve) ; – la malnutrition chronique, notamment des enfants (de 0 à 5 ans) et des femmes enceintes et allaitantes du fait de l’inaccessibilité aux aliments et leur utilisation (régimes alimentaires peu diversifiés) ; – le faibles revenus monétaires des populations  bien que riveraines du fleuve .

3. Brèves description des groupes cibles et des bénéficiaires finaux

Les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de cette action sont :
Les groupes cibles : les organisations professionnelles paysannes, leurs unions et fédérations. Il s’agit de :

      • les organisations féminines agricoles existantes ou à initier chargées d’aménager, d’exploiter et de gérer

les jardins maraîchers. Ces organisations poursuivent leurs activités au delà de la production en s’initiant aux techniques de valorisation nutritionnelles des aliments locaux.

      • les comités de gestion des banques céréalières qui seront outillés aux techniques de gestion des stocks

de proximité et seront mis en synergie. Ce volet s’adresse à la population des 3 cercles d’intervention (Ansongo, Bourem et Gao) mais principalement aux quatre (4) communes soit 67.003 habitants

      • les Organisations professionnelles de pêcheurs-pisciculteurs à l’échelle locale qui seront initiés aux

techniques modernes mais simplifiées d’aquaculture.
Les groupes cibles de cette action sont aussi constitués par les enfants (0à 5 ans)  et les femmes (enceintes et allaitantes). Les enfants sont estimé à environ 65% de la population totale soit environ 43552 enfants.
Les intermédiaires techniques et administratifs : qui sont  l’Administration, les collectivités locales, les services techniques locaux,
Les bénéficiaires finaux : Toute la population de la région de Gao estimée à 484 698 habitants est considérée comme bénéficiaires finaux de cette action.

4. Description des objectifs

Les objectifs globaux (ou généraux) visés par cette action sont :

  • Augmenter les revenus monétaires des populations par le développement de 3 filières porteuses : maraîchage, banques céréalières, pisciculture
  • Assurer la sécurité alimentaire régionale par la disponibilité d’aliments (céréales, légumes et poissons),
  • Réduire le taux de malnutrition des enfants de 0à 5ans et des femmes enceintes et allaitantes

A travers la définition de ces objectifs globaux, l’action vise comme Objectif spécifique l’amélioration des conditions de vie des populations par le renforcement de la  sécurité alimentaire

5. Description détaillée de l’action proposée et esquisse de résultats attendus

L’action proposée est le « projet régional d’appui à la sécurité alimentaire (PRORASA) ».  Le projet est initié avec les 4 communes de la région de Gao. Il comporte trois volets (3) principaux cités au point 1.1.
Pourquoi ces trois (3) volets ?
a. Le processus d’analyse et l’identification des populations vulnérables doit tenir désormais compte à la fois des dimensions alimentation et nutrition. Le maraîchage nous semble être l’alternative de remplacement des productions animales en baisse dans la région de Gao du fait de la décapitalisation du cheptel afin de rehausser la qualité nutritionnelle des communautés. La culture du maraîchage au bord du fleuve existe déjà dans les  communes ciblées et le consortium AFAR/ASG/ACAS se propose de l’appuyer et de l’accompagner. En vue de promouvoir les aspects nutritionnels de ce volet, le groupe cible de ce volet est constitué d’Organisations féminines agricoles (OFA)  soit au total 12 OFA.  Chaque OFA sera composée de 25 femmes qui s’investiront sur un (1)  Ha de périmètre maraîcher au bord du fleuve Niger ; soit 300 femmes. Le but visé par ce volet est double : la génération de revenus monétaire pour les femmes et l’amélioration de la qualité nutritionnelle des ménages par des actions d’éducation nutritionnelle (composition de rations alimentaires équilibrées, démonstrations culinaires…) seront entreprises. Les excédents de production maraîchère seront écoulés vers les chefs lieux de cercles (villes de Gao et Bourem) pour avoir des prix plus rémunérateurs. Les techniques de production maraîchères améliorées, la commercialisation des produits, la transformation des produits, l’éducation nutritionnelle seront les maîtres mots de notre appui. Enfin autour des jardins maraîchers des actions de boisement et fixation des berges du fleuve seront entreprises.
b. La Banque céréalière  (BC) est une stratégie de  sécurité alimentaire rapprochée mise en œuvre par les organisations de type associatif et coopératif. Ces 5 dernières années l’Etat avec l’appui de ses partenaires a appuyé la mise en place de milliers de banques de céréales dont 134 pour la seule région de GAO. Les banques de céréales sont gérées par des structures locales ayant leur racine dans les communautés. Les comités villageois de gestion des banques céréalières ne travaillent pas ensemble à l’échelle locale (cercle) et régionale pour développer les synergies nécessaires à la promotion de ces outils importants de sécurité alimentaire. C’est pourquoi, le consortium AFAR/ASG/ACAS, fort de son expérience qui lui a permis de valider et de perfectionner des manuels de formation couvrant les principaux aspects de la gestion de banques de céréales, se propose d’initier une stratégie régionale. Cette stratégie repose sur l’initiation d’organisations fédératives des banques de céréales à l’échelle locale (union) et régionale (fédération), qui prendront en charge les besoins de gestion (organisation interne, approvisionnement, stockage et vente des céréales, comptabilité…..) à travers la formation et les échanges avec d’autres régions (bourses céréalières). Le groupe cible est constitué des villages des 4 communes d’intervention ayant des banques céréalières  (soit 25 BC) mais de façon plus large les 134 banques céréalières de  la région de Gao qui pourrait s’approprier la démarche et la pérenniser.
c. Avec une production halieutique d’environ 100.000 tonnes par an, le Mali est parmi les premiers pays africains producteurs de poisson d’eau douce. La valeur ajoutée brute de l’ensemble de la filière pêche est d’environ 30 milliards de francs CFA, soit plus ou moins 60 millions $ des E.U. La consommation de poisson est estimée à 10,5 Kg/an/habitant, comparée à une consommation de viande de l’ordre de 7,8 Kg/an/habitant.  Les emplois générés en amont et en aval de la filière sont estimés à 285.000, soit environ 7,2% de la population active du Mali. Les pêcheries qui étaient jadis, très productives et sources de protéines et de revenus monétaires substantiels, sont aujourd’hui confrontées à plusieurs problèmes malgré la volonté affichée de l’Etat de promouvoir le sous secteur. L’insuffisance pluviométrique et le faible niveau de crue du fleuve Niger favorisent l’avancée du désert, accentuent l’ensablement du lit du fleuve et le dessèchement des mares et lacs dans lesquels la pêche traditionnelle était pratiquée avec beaucoup de bonheur. L’amenuisement  des ressources halieutiques consécutif à cette situation entraîne des pratiques de gestion inadéquate des ressources et une mauvaise organisation des communautés autour des pêcheries. La promotion de la pisciculture est une solution partielle mais durable à ces problèmes.  Un potentiel important de ressources en eau et en terre existe dans la Région de Gao pour la pisciculture.
Le PRORASA se propose d’installer deux (2) sites de pisciculture : 1 site dans la commune de Gabéro et 1 site dans la commune de Bara. Chaque site est doté de 3 étangs  chacun constitués d’un étang de reproduction et 2 étangs de grossissement. Autour de chaque site les pêcheurs seront organisés en Association de pisciculture de 100 membres/site soit 200 membres au total.Tout comme le maraîchage la génération de revenus monétaire et l’amélioration de la qualité nutritionnelle des ménages et la préservation des ressources naturelles seront recherchées. Le PRORASA a un coût d’environ 289 millions de FCFA dont 252 millions de FCFA (soit 87%) financés par l’Union Européenne.

6. Implication des partenaires de mise en œuvre, leur rôle et leur relation avec le demandeur

L’ONG AFAR a une grande expérience dans le domaine de l’irrigation. A ce titre elle a réalisé plus 100 petits périmètres irrigués villageois et périmètres maraîchers dans les régions Nord du Mali en partenariat avec des bailleurs de fonds importants comme l’Union européenne, le FENU, l’USAID et le Commissariat à la Sécurité alimentaire. AFAR a, en outre une grande expérience en matière de gestion de banques de céréales et en appui à la filière pêche. En effet, AFAR a construit sur demande des populations plusieurs banques de céréales dans les régions de Kayes et Koulikoro et a appuyé celles-ci à exploiter convenablement les infrastructures. En matière de pêche AFAR met actuellement en œuvre un projet de « Valorisation des Captures de la Pêche Artisanale » sur financement de CORDAID au bénéfice d’organisations paysannes professionnelles de la pêche.
Pour la mise en œuvre de cette action, AFAR s’appuiera sur l’expérience de deux ONG partenaires : l’ONG ASG  et l’ONG  ACAS. Les ONG ASG et ACAS ont de solides expériences en gestion de projet de développement rural et en sécurité alimentaire et nutritionnelle en particulier. L’ONG ACAS a été depuis maintenant 4 ans le partenaire-associé de AFAR et ASG dans le cadre de la mise en œuvre du Projet PRODEPAM (USAID) dans la Région de Gao. Au cours de cette période le consortium AFAR/ASG a collaboré étroitement avec l’ONG ACAS, basée à Gao, intervenant exclusivement à Gao  et ayant une expérience et une connaissance poussées de la Région.
L’action proposée vient compléter et pérenniser les efforts des autres intervenants (gouvernement et les acteurs non gouvernementaux) dans la dynamique de développement durable des localités bénéficiaires.